Photo argentique : notre guide pour vous aider à choisir votre première pellicule 35 mm
Poussée par la nostalgie des plus âgés et la curiosité des plus jeunes, la photo argentique fait un retour en force. Mais comment choisir la bonne pellicule quand on n’y connaît rien ? Voici tout ce qu'il faut savoir pour s'essayer à l'argentique.
135 = 35 mm = 24x36 mm = pellicule "normale" !
Vous avez (re)mis la main sur un appareil photo argentique et vous voulez commencer à (re)prendre des photos ? Mais perdu entre les appellations 135, 120, plan film, 4x5, ou inversible, vous ne savez pas quelle pellicule acheter pour votre boîtier ? Bien que le monde de la photo soit ancien et complexe, il y a fort à parier que votre boîtier fasse appel à un format de pellicule classique 24x36. On décrypte ensemble.
Avant de vous conseiller les références de pellicules à acheter, débroussaillons un peu les termes techniques et les choix que vous aurez à faire avant de faire chauffer votre carte bleue…
La photo argentique est un procédé relativement ancien et l’établissement des appellations et normes remonte à plusieurs décennies. Dans le cas de la pellicule des appareils photo argentiques, que nous qualifierons de "classiques", elle a même 90 ans. C’est en effet en 1934 que Kodak a lancé le film dit 135 ou 35 mm, qui correspond à la pellicule en cartouche qui nous intéresse ; un format encadré par la norme ISO1007:2000.
Il n’y a aucun lien direct entre les deux appellations : s’il s’appelle 35 mm, c’est que la pellicule mesure 35 mm de large, le terme 135 étant simplement le numéro de produit de Kodak. Si vous n’êtes pas photographe pour un sou, retenez juste qu’il existe d’autres formats de pellicule comme le 120 (qui est, contre-intuitivement, plus grand que le 135), le 110 (plus rare), ou encore des plans-films et des films instantanés (Instax, Polaroid). Sous cette apparente variété, la réalité est que le format 135/35 mm est le plus populaire au monde depuis les années 1960.
Négatif ou inversible
Vous savez désormais qu’il vous faut une pellicule 35 mm/135, mais vous devez faire un choix concernant la nature de ce film : sera-t-il négatif ou inversible ? Dans la majorité des cas, il s’agira d’un format dit négatif. C’est en effet, de très loin, le plus populaire.
S’ils ont des atouts, notamment en matière de restitution des couleurs, les films inversibles, que l’on utilisait surtout pour la projection de diapositives, sont (beaucoup) plus exigeants à la prise de vue et sont plus chers. À moins de vouloir des rendus spéciaux — en reproduisant les couleurs National Geographic des années 70/80 par exemple — ou faire chauffer un vieux projecteur à diapositives, optez pour un film 135/35 mm négatif.
Noir & blanc, couleur ou créative : choix du rendu, choix des projets
Historiquement, les premières pellicules grand public étaient en noir & blanc, les procédés chimiques couleur ayant nécessité des décennies de développement avant d’être stables et adaptés au marché de masse. La présence des modes noir & blanc dans nos smartphones s’explique simplement d’un point de vue culturel : pendant des décennies, la photo populaire s’exprimait en tons de gris. La couleur a cependant fini par s’imposer entre les années 1960 et 1970, et l’offre a dépassé celle des films noir & blanc. Notez qu'il existe également des pellicules que nous pourrions qualifier de créatives, avec des rendus colorimétriques très marqués et fantaisistes comme la LomoChrome Turquoise ou LomoChrome Metropolis.
Le choix est vôtre. Mais sachez que, quelle que soit la nature du film que vous choisissez, il faudra aller au bout de la pellicule avant de pouvoir en changer. Avant tout, c'est votre projet "artistique" qu'il faut questionner. Souhaitez-vous un rendu vintage avec une image en noir & blanc au grain très doux et rond, ou plutôt une image très contrastée et très dure ? Vous pouvez également choisir de réaliser une série de clichés de nuit et en couleur. Dans ce cas, il sera plus aisé de vous diriger vers des pellicules à haute sensibilité comme une Cinestill 800T.
Nombre de vues et sensibilité ISO
Les pellicules 135/35 mm sont conditionnées sous forme de bobines opaques. À l’intérieur, on trouve un rouleur dévidoir et une pellicule dont la longueur varie, et avec elle le nombre de prises de vues. Le gros de l’offre marché est en 36 poses — ce qui oblige donc à finir ses 36 images avant de changer de pellicule —, mais on trouve aussi des pellicules 24 poses. Souvent un peu moins chères que les 36 poses, elles sont généralement moins rentables.
Une fois la nature (couleur ou n&b) et le nombre de poses choisis, il faudra ensuite se décider en ce qui concerne la sensibilité. Si vous avez déjà utilisé un reflex ou hybride numérique, cette sensibilité s’exprime toujours en ISO. Les capteurs sont en effet calibrés sur le standard argentique. Mais alors qu’un capteur peut augmenter sa sensibilité à la volée et sur des plages très larges — de 50 à 102 400 ISO pour certains appareils — le film a une sensibilité fixe. Et bien plus limitée.
En général, les pellicules affichant des valeurs ISO faibles (de 25 à 200 ISO) offrent plus de détails, mais sont plus limitées dans leurs usages, puisqu’il faut beaucoup de lumière. Les films affichant des valeurs ISO entre 400 et 3200 ont généralement plus de grain, ce qui limite le rendu des détails fins. Mais ils sont, en contrepartie, plus polyvalents. Et le grain peut avoir son charme !
Marque et type de film
Vous optez pour une pellicule de type noir & blanc de 36 poses à 400 ISO ? Parfait. Il vous faut désormais choisir la marque et le modèle du film. Le premier facteur pour les néophytes sera sans doute le prix. Et pour cause, les tarifs s’envolent depuis cinq ans, certaines pellicules pouvant coûter jusqu’à 15/20 € l’unité. Le premier prix de qualité est l’APX 400 d’Agfaphoto, qui se négocie autour de 6 €.
Vous pourrez vous orienter vers d’autres types de films : la légendaire Tri-X 400 de Kodak pour les rendus façon reportages des années 60/70 (mais les prix ont explosé), le Rollei Retro 400S pour une sensibilité accrue aux infrarouges, l’Ilford HP5 pour son rendu et sa plage dynamique étendue (qui pardonne mieux les mauvaises expositions que la Delta), etc. Ici, il n’y a point d’autre repère que votre expérience et les rendus que vous souhaitez obtenir.
Les pellicules noir & blanc
Voici une petite sélection de films sur une large plage de sensibilités. Sur fond d’explosion des prix, et puisque ce guide est à destination des débutants, nous avons retenu les pellicules de premier prix, ainsi que quelques films mythiques (mais souvent très onéreux, hélas).
25 ISO
Rollei 135 RPX 25 ISO 36 poses : environ 7 €
Pour la production d’images très détaillées, le RPX 25 de Rollei est un excellent choix… dès lors que les conditions lumineuses sont de votre côté.
50 ISO
Ilford Pan F plus 50 ISO 36 poses : environ 10 €
Un film au grain très fin et au rendu très doux, avec une gamme de gris très riche. Là encore, il faudra beaucoup de lumière ou des poses longues.
100 ISO
AgfaPhoto APX 100 ISO 36 poses : environ 6 €
Un film idéal pour débuter. Peu chère, elle offre un grain suffisamment fin et très bon niveau de détails, notamment dans les ombres.
Foma Fomapan Classic 135 100 ISO 36 poses : environ 6 €
Cette pellicule d’entrée de gamme profite d’un contraste plus marqué que celle d’AgfaPhoto.
200 ISO
Foma Fomapan Creative 135 200 ISO 36 poses : environ 6 €
Dans cette gamme de sensibilité, c’est le seul film vraiment accessible : chez la concurrence, le prix atteint parfois le double. Une pellicule au rendu à l’ancienne, avec de beaux contrastes, mais gare à la sous-exposition.
400 ISO
AgfaPhoto APX 400 ISO 36 poses : environ 7 €
Un film qui peut facilement pousser jusqu'à 800 ou 1600 ISO. Belle gamme de gris et contrastes modérés.
Foma Fomapan Action 135 400 ISO 36 poses : environ 7 €
Une pellicule avec un rendu à l’ancienne et un grain spécifique, ce qui fait son charme.
Ilford Pan 400 135 36 poses : environ 7 €
Moins tolérante que d’autres pellicules de la prestigieuse marque, elle est aussi bien moins chère ! Elle reste un excellent choix quand elle est utilisée à 400 ISO.
Ilford XP2 Super 135 400 ISO 36 poses : environ 10 €
Un film très polyvalent qui peut aussi bien être utilisé en 50 ISO qu’en 800 ISO. Pratique quand on ne peut pas prédire les conditions de lumière.
Kodak Tri X 400 135 36 poses : environ 15 €
La pellicule reine des photojournalistes des années 60/70. Un film qui récupère beaucoup de détails, encaisse les sous/surexpositions et offre un grain qui a du chien. Mais son prix a explosé…
Kodak T-max 400 135 36 poses : environ 15 €
Son grain plus doux et plus sophistiqué que sa sœur la Tri-X en fait une pellicule pour des rendus plus fins et plus précis. Son prix, lui aussi, a malheureusement explosé.
3200 ISO
Ilford Delta 135 3200 ISO 36 poses : environ 11 €
Pour les shoots en basse lumière, le choix de pellicules rapides et accessibles financièrement se réduit à l’Ilford Delta 3200. Heureusement qu’il s’agit d’un très bon film, avec un grain très agréable à 3200 ISO (et une latitude pour le pousser plus loin).
Les pellicules couleur
Contrairement au numérique, le choix de shooter en couleur a un coût supplémentaire : celui des pellicules ! Avec la pénurie, les tarifs ont grimpé — très dur de trouver un film à moins de 10/15 € l’unité — et les disponibilités sont parfois incertaines.
100 ISO
Kodak Ektar 100 ISO Professionnel 135 36 poses : environ 18 €
Son grain ultrafin, sa faible sensibilité et son rendu des tons chair en font une pellicule haut de gamme adaptée aux paysages et aux portraits en extérieur jour.
200 ISO
Kodak Gold 135 200 ISO 36 poses : environ 12 €
Un film qui rend des couleurs chaudes et assez éclatantes. Attention, la version 24 poses n’est que 2 € moins chère, ce qui n’est pas rentable du tout.
Fujifilm 200 36 poses : environ 11 €
Équivalent de la Kodak Gold 200 ISO, il s’agit d’une bonne alternative pour qui cherche un film pour les shoots de jour avec un grain assez fin.
400 ISO
Kodak Ultramax 400 ISO 36 poses : environ 13 €
À 400 ISO, le marché propose à l’heure actuelle peu de pellicules classiques, financièrement accessibles, disponibles et de qualité. La Kodak Ultramax est quasiment votre seul choix. Les couleurs sont belles, mais le grain sera assez présent. Au-dessus, il y a la Kodak Portra, mais vous dépasserez les 20 € la pellicule !
800 ISO
Kodak Portra 800 135 36 poses : environ 24 €
La Kodak Portra 800 est une référence à toutes ses valeurs d’ISO. À 800 ISO, elle est aujourd’hui la seule pellicule haute sensibilité couleur vraiment disponible en masse. Avec son grain très fin, son rendu rétro et très doux, elle est excellente. Et heureusement, puisqu’elle est désormais hors de prix.
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